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Elise Titane

7 octobre 2012

lapins et sauriens

Ou plus exactement, plot bunnies et alligators.

Eh oui, novembre arrive, et l'aventure NaNoWriMo aussi. Je n'ai pas écrit des masses sur ce blog depuis des mois, mais je compte bien arriver à cinquante mille mots en trente jours cette année encore.

Pour ceux qui veulent des détails, je laisse de côté mon nid à plot bunnies, le projet de texte qui m'a servi de sparring-partner pendant trois NaNos, et je ponds un truc inédit. Non pas que j'abandonne le projet précédent : je crois qu'il mérite autre chose que trente nuits de frénésie si je veux le faire aboutir. Peut-être plus tard cet hiver. Peut-être à la Saint Procrastin.

Allez, toi aussi, rejoins-nous sur le site NaNoWriMo et fais exploser les stats dans ton profil pour motiver tes copains et copines NaNauteurs. Ou au moins, viens faire un tour sur le site avant qu'il plante - comme tous les 1er novembre - pour découvrir qui sont ces fameux lapins et ces étranges sauriens.

Quoi, t'es prof et t'as pas le temps d'aller voir? Alors, clique ici pour plot bunny (le lapin de l'intrigue) à ne pas confondre avec un plot ninja, une inspiration extérieure improvisée pour faire progresser l'intrigue. Quant à l'alligator, c'est un défi spécifique aux NaNos français. Voir Gatorisme sur un bon moteur de recherche.

 

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2 janvier 2012

Bonne année 2012

 

Bonne année à tous les instits, ceux qui ont l'expérience et ceux qui l'acquièrent, ceux qui cherchent, ceux qui trouvent et qui partagent, ceux qui essayent, ceux qui ont la foi, ceux qui se donnent à corps perdu, ceux qui se perdent aussi carrément.

Puissions-nous avoir et garder, ou retrouver, la foi en notre métier, la confiance en un avenir meilleur pour nos élèves et pour nos conditions de travail, l'envie de faire de notre mieux, la motivation pour aller plus loin et y emmener les enfants, le courage de faire évoluer ce qui en a besoin, et la sagesse d'accepter les contraintes immuables.

Bonne année aux élèves et à leurs parents.

Bonne année aussi à ceux qui ne sont pas enseignants, mais qui rêvent d'une école capable de procurer aux enfants les attitudes et les savoirs qui feront d'eux des humains brillants, curieux et généreux.

16 octobre 2011

Regrets, projets

Quelques phrases après un long silence, et avant d'autres.

Je ne sais pas ce que je souhaite faire en gardant ce blog vivant, mais je ne veux pas le supprimer.

Il ne m'apporte plus autant qu'avant, et il est farci de pub.

Je l'ai créé pour partager mes découvertes de PE débutante, puis pour parler un peu de mon quotidien, partager un peu de vécu, papoter avec des collègues de passage ou des visiteurs intéressés. Tant de personnes sont venues, en laissant ou non des commentaires : je suppose qu'elles y ont trouvé quelque chose qui leur parlait. (Quoi?)

J'ai voulu parfois en faire un lieu de réflexion collective, mais un blog n'est pas le meilleur support pour des échanges continus. On lit une fois, on commente parfois, mais on ne revient pas lire les autres commentaires, en général. Pas l'idéal pour construire.

Peu à peu, j'ai cessé de donner des détails sur ma classe pour rester dans l'anonymat, ce qui n'est qu'une réussite partielle. Du coup, j'ai pu seulement donner - et échanger - des réflexions générales, floues. Parler d'autres sujets : nano, la procrastination, ... Parler de moi, aussi. Beaucoup. Trop peut-être.

J'en ai moins besoin en ce moment. Ou moins envie.

En classe, je change peu à peu de manière de faire. J'évolue. J'ai l'intention de partager des documents, supports, séquences, sur un blog sans pub. Puisque je compte y mettre les supports que je fabrique pour ma classe, adieu l'anonymat. Mes élèves et leur famille pourront me reconnaître sans problème s'ils tombent dessus. Mais je n'y mettrai pas mes états d'âme.

Ici, il est possible que je passe de temps à autre, bien que je sois assez occupée ailleurs. En ce moment, je suis en plein Nanoctobre, le mois qui précède le Nanovembre, et mon cerveau n'est pas très disponible.

Ceux qui se lancent dans NaNoWriMo me retrouveront sans doute sur le site, sous le même pseudo que l'an dernier. Au besoin, envoyez-moi un p'tit mail.

Voilà pour le moment.

1 août 2011

Encore, déjà...

 

- Tu dors?

- Non, je pense.

- A quoi tu penses?

- A ma classe.

 

Encore, déjà. Toujours.

15 juin 2011

Munitions

Après le temps des cerises, le temps des commandes.

Arbitrage entre l'envie d'avoir tout ce qu'il faut pour bien travailler, et la limite de budget pour chaque futur élève.
Estimation floue du nombre d'élèves dans la classe : si je commande trop peu, on ne pourra pas travailler en cas d'inscription de dernière minute, mais si je commande trop, je dépasse mon budget en cas de radiation de dernière minute.
Revue des placards pour estimer le nombre de protège-cahiers rouges disponibles, du magenta au vermillon en passant par le bordeaux et le fuchsia.
Calcul et recalcul du total, en optant d'abord pour la liste de matériel idéale, puis en rognant petit à petit jusqu'à la liste de matériel financièrement réaliste.
Feuilletage et refeuilletage du catalogue de fournitures aux étonnants effets sur l'humeur : plus on tourne les pages, plus on a envie d'être à la rentrée. A noter : l'effet cesse rapidement une fois la couverture refermée.
Envoi de la commande avec l'espoir de la recevoir ni trop tard, pour ne pas avoir à tout revérifier la dernière semaine d'août, ni trop tôt, pour arriver à travailler encore deux semaines et demie sans encombrer les allées de la classe.

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Sans aucun rapport, je suis bien désolée de vous infliger les pop-ups publicitaires agaçants de mon mercantile hébergeur de blog, qui me poussent à envisager sérieusement un changement d'adresse dans les prochains mois.

 

 

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26 février 2011

Le Dilemme du Premier Soir des Vacances

depart en vacancesC'est le dernier jour, on boucle les projets, on donne (ou pas) des devoirs pour les vacances, puis tous les enfants quittent enfin l'école, en pensant (ou non) à souhaiter "bonnes vacances" à la maîtresse.

Et là, on retourne dans la classe, sur les rotules évidemment - enseignants débutants, prévoyez un pantalon renforcé aux genoux pour les derniers jours -  et on fait face au Dilemme du Premier Soir des Vacances : faut-il mettre tout en ordre avant de partir, malgré l'épuisement physique et mental de la fin de période, ou attendre d'avoir un peu récupéré?

A ce sujet, il y a trois écoles courants de pensée:

  • les Rangeurs du Dernier Soir estiment que, à y être, autant ranger tout ce qui traîne pendant qu'on sait encore de quoi il s'agit et où ça doit aller. Il convient donc, d'après eux, de passer un peu de temps à trier la ou les piles qui pourraient subsister sur le bureau, à mettre de l'ordre dans les placards ou armoires, à tailler les crayons, et à préparer dès maintenant tout ce qui rendra plus agréable la reprise, d'ici deux semaines. Les Rangeurs n'oublient pas de sélectionner avec soin les manuels, livrets, référentiels, et autres documents dont ils auront besoin pour préparer la période suivante, pendant leurs vacances. Ils préparent même un petit post-it ou deux, voire une to-do list, avant de quitter leur lieu de travail. Ils arrivent chez eux vers vingt-deux heures et s'effondrent sur leur canapé, ou leur lit, pour une trentaine d'heures de sommeil comateux.
  • les Pressés de Partir affirment que le dernier soir, on est totalement épuisé et qu'on a bien mérité de partir un peu plus tôt, surtout si on a un train à prendre en direction des pistes de ski ou de toute autre destination. Après tout, les piles de papiers, photocopies et manuels seront toujours là au retour : il suffira d'arriver un tout petit peu plus tôt le matin de la reprise, et puis voilà. Ou de faire un saut à l'école la veille, si vraiment la classe est dans un triste état. Certains Pressés de Partir retrouvent ainsi à leur retour les palettes de peinture et les pots d'eau plein de pinceaux qu'ils ont laissés le soir des vacances - certes l'eau a disparu, les palettes et les pinceaux sont irrécupérables, mais au moins ils auront profité de leur premier soir de vacances.
  • les Visiteurs d'Ecole forment la troisième grande catégorie. Ce sont les instits qui partent le soir des vacances en ne faisant que le strict minimum, à savoir nourrir les plantes vertes et arroser les poissons rouges, oui c'est pour voir si vous suivez, et qui reviennent pendant les vacances pour  ranger, remettre de l'ordre, et travailler un peu sur place à préparer la rentrée. Ils estiment plus simple de travailler à l'école que chez eux, soit parce qu'ils sont peu équipés chez eux (manuels, ordinateur, photocopieuse sont dispo à l'école), soit parce que leurs charmants bambins rendent le domicile trop bruyant pour bien travailler. Ce qui ne les empêche pas de venir à l'école avec leur marmaille, d'ailleurs. Les Visiteurs habitent non loin de leur lieu de travail et peuvent venir à maintes reprises, parfois quotidiennement, sur une durée d'une à deux semaines dans certains cas. Ce sont ces mêmes Visiteurs qu'on retrouve dès la fin juillet à l'école pour préparer leur rentrée de septembre.

En ce qui me concerne, je suis partagée entre l'option Pressée de Partir et Rangeur du Dernier Soir. Je range ce qui traîne un peu trop, et je garde le rangement de fond pour le début de période suivante. Cela me permet parfois de ressortir aux enfants un travail déjà fait avant les vacances, pour évaluer à quel point sont réellement acquises les connaissances qu'ils maîtrisaient avant de partir.

Et vous, vous faites comment?

27 novembre 2010

NaNoWinMo - bilan mitigé

Bonne nouvelle de fin novembre : pour la troisième année consécutive, j'atteins les cinquante mille mots.

50 000 heures de vol

La première fois j'avais atteint le total mais mon histoire n'avait pas de fin.
La deuxième fois, j'avais une fin mais elle n'était pas rédigée.
Cette fois-ci, j'ai une fin, et j'aimerais arriver à la rédiger en entier, mais j'en suis encore loin. Je suis aujourd'hui à 55 000 mots environ, et j'aimerais boucler les parties qui restent à rédiger! Mais je n'aurai pas fini mardi soir, même si on me permettait d'y consacrer mes journées entières.

Donc décembre devrait être NaNoFiMo, National Novel Finishing Month.
Enfin... Les fêtes arrivent, avec leur lot d'impératifs et d'organisation complexe, la fin de période sera bien remplie aussi avec des élèves de plus en plus agités - normal mais épuisant - et des bilans à compléter et à distribuer, et pour mon roman, il me reste tout un morceau d'histoire qui n'est pas complètement démêlé.
J'ai voulu rajouter une intrigue un peu complexe à un récit assez simple, et essentiellement sous forme de dialogue pour les second et troisième quarts, avec des petits indices semés au fil du récit et qui finissent par converger, lors du dernier quart, en événements explosifs dans une narration qui n'a plus rien de dialogué. Et puis finalement les petits indices sont devenus des gros, et puis pressée d'apporter du suspense j'ai laissé apparaître des ficelles qui sont aussi grosses que les câbles du viaduc de Millau, et puis... Et le peu de suspense maladroit qui survit à mes manipulations tordues, fait ressembler mon roman à un texte de fanfiction.net. Si vous écrivez des fanfics, ne vous énervez pas, je sais que des fois on trouve des trucs superbes, mais bon, voilà, quoi... C'est rare.

D'où l'impression d'un bilan mitigé : fierté d'avoir atteint le compte, d'avoir été plus loin, mais déception en voyant que le genre suspense / enquête, c'est vraiment pas fait pour moi.

Satisfaction cette fois pour mes personnages principaux : le premier, ressuscité des cendres de mon premier NaNo, a mûri, et franchement il commence à être cohérent et intéressant. Le deuxième, qui lui donne la réplique, est crédible, attachant, un poil Marie-Suesque mais pas trop. Et la farandole de personnages secondaires est plutôt pittoresque, sans trop de caricatures, et avec deux ou trois bons méchants qui donnent du relief à tout ça.

Mais je suis loin du roman que je rêve de pondre.

nanowinner

7 mars 2010

Considération linguistique

Parfois, on rencontre des mots, onomatopées ou des expressions qui, s'ils ne font pas l'objet d'au moins une répétition, ne sont pas compris de l'auditoire.

Exemples en vrac les fins linguistes ajouteront les leurs en commentaire :
Pony run
bling
tsé
agar
coin
frou
tsoin
Sortez vos cahiers de géographie.

Etc...

5 octobre 2009

La bouche pleine

Fin de récré du matin.
- Maîtresse, T. il m'a envoyé des miettes en parlant.
- T. c'est vrai?
- Mais Maîtresse, j'ai pas fait spray.

Encore heureux.

5 août 2009

Ecrire, écrire, écrire - écrire un roman, pourquoi, comment

Mes personnages étaient trop insistants : ils sont récemment revenus à la charge. De vous à moi, je pense qu'ils ont éhontément profité de la fatigue nerveuse des dernières semaines de classe pour se faufiler dans mes journées.
Sous la pression, j'ai bien dû m'incliner : je suis revenue à mon roman la chose informe et chaotique qui aimerait bien devenir un roman. Je modifie tout, je chamboule tout, mes personnages ont complètement changé d'avis et ne veulent plus du tout les mêmes choses qu'avant.
Il faut dire qu'ils ont mûri depuis novembre. Ils ont d'autres façons d'agir, leurs qualités et défauts se sont affinés avec le temps, et du coup, rien ne va plus.
Je ne sais pas ce que ça va donner mais c'est prenant.

Si un jour votre vie vous paraît morne et sans intérêt, lancez-vous dans l'écriture d'un roman : ça change tout. C'est vite fait, de se créer quelques personnages - allons, avouez, je suis sûre que vous en avez un ou deux en tête : en général ils ressemblent à des personnes de la vraie vie, mais en "édulcoré". Plus manichéens, ou au alors beaucoup plus tordus et névrosés.
plumes pour profs et fonctionnaires C'est vite fait aussi, d'imaginer une rencontre, une interaction fortuite, un incident, un désaccord, ou un événement soudain qui les met en contact.
Peut-être même... Sûrement, allez... Peut-être que vous avez une idée de scénario, une petite histoire ou une longue saga, qui macère en vous secrètement depuis vos plus tendres années. Et le casting qui va avec. Et si vous alliez faire un tour du côté de chez Swann de ces beaux souvenirs, verser quelques gouttes de sang neuf et raviver tout ce beau monde? Après toutes ces années, que sont vos personnages devenus? En y réfléchissant, votre petite intrigue minable pourrait très bien être la base d'un best-seller prochain.

A partir du moment où vous prenez le risque d'y croire, votre vie prend une épaisseur de plus, un peu comme la doublure dans un vêtement réversible.
Chaque moment de solitude se peuple de personnages en mouvement, qui font et refont dix fois la même scène, mais avec quelques variations à chaque fois.
Désormais, chaque anecdote racontée par vos amis ou voisins, chaque conversation entendue au hasard dans les transports en commun ou dans une file d'attente, devient un ingrédient possible de votre prochain chapitre.
Chaque titre de livre ou de film vous donne une nouvelle idée. Chaque paysage rencontré, chaque objet inhabituel, vous inspire une discussion, ou le tournant d'une relation.
Vous vous mettez à ouvrir l'œil et l'oreille.
Vous devenez complètement perméable à tout ce qui auparavant ne faisait pas partie de votre vie. Vous devenez collant, un peu comme un pot de miel. Vous accrochez tout ce qui passe. Et le pire c'est que souvent ça se décroche presque aussitôt, juste le temps d'apprécier l'idée et de commencer à y travailler : si vous ne la notez pas, c'est perdu à tout jamais. Et vous vous en voulez de ne pas avoir commencé à écrire le passage voulu dès que l'idée s'est présentée. Mais bon, ce jour-là il fallait préparer l'évaluation de grammaire.

Imagination, création, et frustration.
Et on n'en sort jamais. Ou alors peut-être une fois que le livre est complètement écrit, imprimé, édité? Même pas, peut-être que les personnages viennent vous hanter ensuite pour vous dire qu'ils ne sont pas d'accord avec leur fin ou avec leur sort.

Sur le site de NanoWriMo, j'avais trouvé cette comparaison très parlante : donner vie à des personnages, c'est comme donner des pierres à un gamin.
Un gros bazar en vue, rien de contrôlable.
Mais ça pimente le quotidien comme on n'imagine pas.

 

Si j'avais su...

A tout hasard, voici quelques trucs que j'aurais aimé savoir ou lire avant de me lancer avec détermination, ambition et trop peu de réflexion dans cette irréversible aventure.

bulletblogJ'aurais aimé qu'on me parle de NaNoWriMo bien plus tôt. Vous faites quoi de vos nuits, en novembre?

bulletblogJ'aurais aimé lire le blog Storyfix il y a un an, ou plus. (Le blog qui répare les histoires). A lire notamment en ce moment une série de posts sur la structure du roman. Un peu comme le schéma quinaire, mais en quatre parties, et avec quelques conseils qui valent la peine de lire en anglais même si on n'aime pas ça.

bulletblogJ'aurais lu l'article Comment écrire un fichtrement bon roman, de Russell James (apprécier au passage les commentaires sur les profs d'écoles et les rédacs). C'est le lien vers une version française. Un deuxième article sur comment certains ont fait pour en écrire un : P. Highsmith, R. Chandler, J. Steinbeck, P.D. James, ...

bulletblogJ'aurais écrit un peu tous les jours. Un blog, des petits exercices, des poèmes en prose, des groupes d'écriture créative en ligne où en plus on vous donne des impressions sur vos textes (il y en a pas mal, je vous laisse chercher). Quitte à utiliser Write or Die, le programme en ligne qui vous force à sortir de votre cerveau des diamants bruts trucs bizarres dont vous ne soupçonniez même pas l'existence.

bulletblogJ'aurais lu un peu plus, mais pas nécessairement les auteurs classiques ou les best-sellers : un conseil qui vaut de l'or, c'est de lire aussi, exprès, de la mauvaise littérature. A ce sujet j'ai relu tout récemment des passages du premier roman de quelqu'un que je connais personnellement, mais dont je tairai le nom, et vraiment ça aide. Et puis ça réconforte : si lui a trouvé un éditeur, pourquoi pas moi?

bulletblogJ'aurais un peu avancé mon roman en juillet : il reste jusqu'au 30 septembre pour participer au Prix Bartleby qui récompense le meilleur roman inachevé.
A bon entendeur...

13 avril 2009

La Procrastination Structurée, par John Perry

Traduction : Elise Titane. Retrouvez ici le texte original de M. Perry.


John PerryPhoto : l'auteur pratique la corde à sauter avec algues pendant que le travail attend.

Cela fait des mois que j’ai l’intention d’écrire cet essai. Pourquoi suis-je finalement en train de l’écrire ? Parce qu’enfin j’ai trouvé du temps libre ? Faux. Je dois corriger des devoirs, remplir des commandes de manuels, répondre à un projet de recherche de la NSF, lire des premiers jets de mémoires... Je travaille sur cet essai afin de ne pas avoir à faire toutes ces choses-là. C’est l’essence même de ce que j’appelle la procrastination structurée, une stratégie étonnante que j’ai découverte et qui transforme les procrastinateurs en êtres humains efficaces, respectés et admirés pour tout ce qu’ils peuvent accomplir et pour le bon usage qu’ils font de leur temps. Tous les procrastinateurs repoussent les choses qu’ils ont à faire. La procrastination structurée est l’art de mettre à profit ce défaut de votre personnalité. L’idée maîtresse : procrastiner ne signifie pas ne rien faire du tout. Il est rare que les procrastinateurs ne fassent rien du tout. Ils font des choses dont l’utilité est marginale, comme jardiner, tailler des crayons, faire un diagramme sur la façon dont ils réorganiseront leurs fichiers un jour. Pourquoi le procrastinateur se livre-t-il à ces activités ? Parce qu’elles sont un moyen d'éviter de faire une tâche plus importante. Si tout ce que le procrastinateur avait à faire, c’est de tailler des crayons, nul être en ce monde ne serait assez puissant pour l’y contraindre. Cependant, le procrastinateur peut être motivé à réaliser une tâche difficile, urgente et importante, tant que ce travail est un moyen de ne pas faire une autre tâche, plus importante.

La procrastination structurée consiste à donner à sa liste de tâches une structure qui tire parti de cet état de fait. Les tâches que l’on a à l'esprit sont à classer par ordre d’importance. Les tâches qui semblent les plus urgentes et les plus importantes viennent en tête. Mais il y a aussi des tâches significatives plus bas dans la liste. Réaliser ces tâches devient une façon de ne pas faire les choses classées plus haut. Avec cette liste de tâches structurée de façon appropriée, le procrastinateur devient un citoyen utile. Il peut même acquérir une réputation de personne efficace, capable d’accomplir beaucoup.

La situation la plus parfaite que j’aie connue, pour la procrastination structurée, était quand ma femme et moi étions Professeurs résidents à Soto House, une cité étudiante de Stanford. Le soir, confronté à des devoirs à noter, des cours à préparer, du travail de groupe à faire, je partais de notre cottage avoisinant la cité étudiante et j’allais à la salle de jeux jouer avec les étudiants, ou j’allais discuter avec eux dans leur chambre, ou je m’asseyais simplement pour lire le journal. J’obtins la réputation de Professeur résident génial, et d’être un des seuls profs du campus qui passait du temps avec les étudiants et les connaissait bien. Imaginez un peu : jouer au ping pong pour éviter de faire des choses plus importantes, et obtenir une réputation de Mister Chips(*).

Souvent les procrastinateurs suivent une tactique diamétralement opposée. Ils essayent de réduire autant que possible leurs engagements, en se disant que s’ils n’ont que peu de choses à faire, ils arrêteront de procrastiner et les feront. Mais cela va à l’encontre de la nature profonde du procrastinateur et détruit sa source de motivation la plus importante. Les quelques tâches de sa liste seront par définition les plus importantes, et la seule manière de les éviter sera de ne rien faire. Cela conduit à devenir un mollasson, pas un être efficace.

En ce moment, vous vous demandez peut-être : « Mais qu’advient-il des tâches importantes, en haut de liste, qu’on ne réalise jamais ? » C’est vrai que c’est un problème potentiel.

L’astuce est de bien choisir les projets placés en haut de liste. Les tâches idéales ont deux caractéristiques : d’abord, elles semblent avoir des limites dans le temps clairement fixées (mais en réalité non). Ensuite, elles ont l’air terriblement importantes (mais en réalité non). Par chance, la vie regorge de ce type de tâche. Dans les universités, l’écrasante majorité des tâches appartiennent à cette catégorie, et je suis sûr qu’il en est de même dans la plupart des autres grandes institutions. Prenons par exemple l’élément qui est en tête de ma liste en ce moment. Il s’agit de finir un essai pour un recueil sur la philosophie du langage. Il était censé être terminé il y a onze mois. J’ai effectué un nombre colossal de choses importantes pour ne pas travailler dessus. Il y a deux mois, assailli par la culpabilité, j’ai écrit une lettre à l’éditeur pour lui dire combien j’étais désolé de mon retard et lui faire part de mon intention sincère de me mettre au travail. Écrire la lettre fut, bien sûr, un moyen de ne pas travailler sur l’article. Il s’avéra que je n’avais pris que peu de retard par rapport aux autres contributeurs. Et de toute façon, quelle importance a cet article au fond ? Pas assez pour qu’une tâche apparemment plus importante ne surgisse à un certain moment. A ce moment-là, je travaillerai mon article.

Un autre exemple : les formulaires de commandes de manuels. Nous sommes en juin à l’heure où j’écris. En octobre, je donnerai un cours en Épistémologie. Les formulaires de commandes de livres devraient déjà avoir été renvoyés à la librairie. Il est facile de prendre cela pour une tâche importante avec une date limite pressante (pour vous les non-procrastinateurs, je ferais remarquer que les échéances commencent réellement à être pressantes une semaine ou deux après la date limite). Je reçois des rappels presque quotidiens du secrétariat de mon département, les étudiants me demandent parfois ce que nous lirons, et les formulaires non remplis sont pile au milieu de mon bureau, juste sous l’emballage du sandwich que j’ai mangé mercredi dernier. Cette tâche est dans le haut de ma liste : elle m’ennuie, et me motive pour d’autres choses utiles mais qui en surface sont moins importantes. Mais en réalité, la librairie est largement occupée avec les formulaires déjà remplis par les non-procrastinateurs. Je peux envoyer les miens au milieu de l’été et tout ira bien. Il me faut simplement commander des livres connus, populaires, chez des éditeurs réactifs. J’accepterai une autre tâche, apparemment plus importante, d’ici à, disons, début août. Alors mon mental se sentira enclin à remplir les formulaires de commande afin de ne pas réaliser la nouvelle tâche.

Le lecteur observateur peut alors savoir l’impression que la procrastination structurée demande une certaine dose d’auto-tromperie, puisqu’au final on est constamment en train de procéder à une arnaque pyramidale sur soi-même. Exactement. Il faut être capable d'identifier et de s’attribuer des tâches aux échéances irréalistes et à l’importance surgonflée, en se persuadant qu’elles sont importantes et urgentes. Ce n’est pas un problème, puisque quasiment tous les procrastinateurs sont doués pour se mentir à eux-mêmes. Et qu’y a-t-il de plus noble que d’exploiter un défaut de caractère pour contrecarrer les effets néfastes d’un autre ?

John Perry, professeur de philosophie à l'université de Stanford.


(*) Goodbye, Mister Chips : film britannique de Sam Wood, 1939 (NdT)

31 décembre 2008

SOMMAIRE GENERAL DU BLOG

Le sommaire était trop compliqué à mettre à jour.*

Utilisez les mots clés de la page d'accueil ou des pieds de message si vous cherchez quelque chose sur ce blog et pensez pouvoir le trouver.



Le principe du poste fractionné:

Mon fonctionnement par couleurs.

poste fractionné 1 - quand tous les jours ça change
poste fractionné 2 - quand on travaille en nomade
poste fractionné 3 -quand on est toujours absent de l'école
poste fractionné 4 -quand on ne peut pas préparer sa semaine d'un seul morceau
poste fractionné 5 - négocier avec les titulaires
poste fractionné 6 - une centaine de prénoms
poste fractionné - message "bilan"

 

Blabla perso

Un message très demandé : mes trucs contre le procrastinage.

J'ai traduit le texte de John Perry sur la Procrastination Structurée.

 

(*) grand ménage de printemps en 2011

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